Nouvelle enquête QV2T – Comment se sentent les (télé)travailleurs à quelques mois de l’élection présidentielle française ?
2022-01-21 00:00:00
En ces temps de télétravail encouragé par les mesures gouvernementales visant à limiter les contacts sociaux, il était plus que nécessaire de procéder à un nouveau sondage avec l’institut Think et Norstat France ! Cette troisième évaluation de la Qualité de Vie au Travail et au Télétravail des actifs français a été réalisée du 1er au 6 janvier 2022 et fait suite à deux autres enquêtes, du 21 au 27 septembre et du 10 au 15 novembre 2021. Nous apprenons par cette dernière enquête que …
… tous les télétravailleurs potentiels ne télétravaillent pas 3 à 4 jours par semaine comme imposé.
À compter du 3 janvier 2022 et pour trois semaines au minimum, tous les travailleurs qui le peuvent sont appelés par le gouvernement français à faire du télétravail au moins 3 jours par semaine. Pourtant, notre enquête montre que cette consigne sanitaire est loin d’être respectée. En effet, 40 % des travailleurs ont prévu de basculer en télétravail. Où y a-t-il un blocage ? De fait, tous ne peuvent pas télétravailler “au moins 3 jours par semaine” comme cela est demandé par l’État. Sachant que 45 % d’actifs ont déjà télétravaillé depuis le début du Covid-19, l’abandon du télétravail est donc assez faible (environ 5 %). Le blocage porte surtout sur la fréquence du télétravail. Seule la moitié (53 %) des potentiels télétravailleurs pratique ce mode de travail de façon régulière, à savoir au minimum 3 jours par semaine. Cela signifie donc que le télétravail partiel est moins un choix qu’une nécessité professionnelle. Être totalement en télétravail ne convient pas à chaque poste.
Cela dit, en ayant un regard plus évolutionniste, on constate tout de même une hausse de la pratique du télétravail. Entre septembre 2021 et janvier 2022, 3,5 millions d’actifs supplémentaires ont sauté le pas du télétravail, établissant le pourcentage de télétravailleurs à 40 % des actifs. Les difficultés à respecter les mesures gouvernementales sont donc plutôt visibles dans la fréquence hebdomadaire du télétravail. Qu’ils ne soient pas en télétravail, qu’ils télétravaillent totalement ou de manière partielle, il n’en demeure pas moins que chacun a pu expérimenter d’autres formes de travail et comprendre ce qui convient le mieux à sa mission. Pour son épanouissement et plus généralement celui de la société, il est toujours fort instructif de s’interroger sur ses désirs, ses capacités et la relation que l’on entretient avec son travail. C’est pourquoi, 14 % de ceux qui ne l’ont pas encore expérimenté depuis le début de la pandémie aimeraient tenter cette expérience de télétravail.
… leur moral, mesuré par l’indice de QV2T, est en demi-teinte.
Notre enquête a pour vocation de faire l’état des lieux sur la Qualité de Vie au Travail et au Télétravail (QV2T), c’est-à-dire de mesurer le moral des actifs français*. On constate que les mesures gouvernementales concernant le télétravail ne laissent pas les (télé)travailleurs indifférents. Aujourd’hui, 67 % des télétravailleurs sont satisfaits de leur situation, ils étaient 82 % en septembre. Cela est principalement dû au fait qu’il y a plus de télétravail forcé qu’en 2021. La 5e vague de Covid et le retour à des rapports sociaux dégradés permettent eux aussi d’expliquer un rebond des inquiétudes liées au Covid (45 % des actifs le notent), du stress (46 %), de la fatigue (57 %), des problèmes de sommeil (36 %), de la culpabilité (23 %). Néanmoins, en comparant avec les chiffres de QV2T de septembre, on constate que ce sont surtout les télétravailleurs réguliers, à raison de 3 jours ou plus de télétravail par semaine, qui indiquent être moins satisfaits par leur situation qu’en septembre (de 64 % de QV2T à 59 % aujourd’hui).Tous les modes de travail ayant leurs inconvénients, tendre vers un certain équilibre entre télétravail et travail “classique” pourrait donc permettre un meilleur épanouissement des actifs.
Cela étant dit, la baisse de l’indice QV2T touche l’ensemble des actifs. Ainsi, entre septembre 2021 et janvier 2022, on passe de 58,8/100 à 57,8/100 (100/100 étant la satisfaction totale de la douzaine d’items formant la QV2T). L’Occitanie, la Bourgogne-Franche-Comté et la Provence-Alpes-Côte d’Azur sont les régions les plus heureuses ; la Normandie, les Pays de la Loire et le Centre-Val de Loire les moins heureux (même si l’écart n’est que de 5,6 points d’indice QV2T). Ce n’est pas la taille de l’entreprise qui semble jouer en faveur du bien-être des salariés, ni la taille de l’agglomération. En revanche, le secteur, le niveau de management, le sexe, l’âge et la profession sont des facteurs essentiels à la QV2T des actifs. Ainsi, les services aux particuliers ont un indice QV2T de 56/100 tandis que les services aux entreprises, les banques et les NTIC (Nouvelles Technologies d’information et de Communication) en ont un de 62/100. De même, les managers sont plus épanouis que les autres (62 versus 57/100). Et ce sont les femmes, les 45-54 ans, les CSP-, les employés et les ouvriers qui ont la moins bonne Qualité de Vie au (Télé)Travail. Ces situations sont en effet les moins attractives, les plus difficiles et bien souvent les moins bien rémunérées. Désormais, une majorité des actifs (52 %) se définit comme “pessimiste” en ce début 2022. Mais ce pessimisme ne peut pas simplement trouver sa solution dans des accords inter-entreprises ou des négociations entre managers, salariés et syndicats. Des décisions prises au niveau macro-économique et dans le champ politique sont à envisager et sont suggérées par les actifs dans notre enquête.
… la conjoncture professionnelle actuelle permet aux candidats à l’élection présidentielle française de connaître les sujets de préoccupation des actifs.
Le pessimisme des actifs, en hausse de 9 % depuis 2014, est multifactoriel : la pandémie et la crise économique en premier lieu (pour 95 % des Français), la montée de l’insécurité et les problèmes d’immigration (pour 68 %), le mauvais fonctionnement de notre modèle social (pour 67 %), le niveau d’éducation (pour 64 %), la défiance envers les politiques (pour 63 %), etc. Seuls 57 % des actifs pensent qu’ils seront augmentés en 2022, et à seulement 1,6 % en moyenne. Les déficits, l’Europe et la puissance de la France ne sont, eux, plus vraiment des ressorts possibles du pessimisme français. Cependant, ce blues français tend moins au repli sur soi qu’au désir d’égalité. Ainsi, l’augmentation des plus faibles salaires est la priorité qui arrive en tête (pour 68 %), devant la lutte contre les disparités de revenus entre hommes et femmes (pour 49 %) et entre patrons et salariés (pour 45 %), ainsi que la réforme du système de retraite (pour 41 %).
Quels candidats recueillent l’espoir des Français sur ces sujets ? Sur le thème des rémunérations, les travailleurs placent Jean-Luc Mélenchon (17 %) et Marine Le Pen (16 %) à un niveau très proche de celui d’Emmanuel Macron (19 %). Sur le thème des retraites, Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont quasiment à égalité (respectivement 20 % et 19 %). Cependant, Emmanuel Macron est jugé plus crédible sur l’économie avec 9 points d’avance sur Marine Le Pen. En outre, il faut noter l’inspiration des actifs français pour favoriser leur épanouissement professionnel. Plus des ¾ de ceux-ci seraient en effet favorables à de nouvelles flexibilités :
- avec 1 après-midi flexible par semaine (où il serait possible d’arrêter de travailler vers 15 heures)
- avec 1 semaine de 4 jours
- avec 1 jour de vacances en cas de besoin
Enfin, près des ⅔ sont demandeurs de plus de déconnexion, avec par exemple 1 jour de travail déconnecté. A ce sujet, savez-vous qu’il existe une loi de déconnexion pour favoriser le bonheur (au travail et tout court) ?
* La base de personnes interrogées provient de tous les secteurs d’activités, privés comme publics (industrie, BTP, agriculture, commerce, services aux entreprises, services aux particuliers, administrations), et d’entreprises de toute taille (TPE, PME, ETI, GE). Les personnes ont été interrogées en ligne du 1er au 6 janvier 2022. La représentativité a été déterminée selon la méthode des quotas, grâce aux données 2020 de l’INSEE sur la profession, le sexe, l’âge, la CSP, la taille d’entreprise, le secteur d’activité et la région.
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